La biodiversité, les gènes et l'histoire...de la libellule
Avant-hier, je suis allé faire un tour dans ma zone naturelle préférée, mon "patch" comme disent les anglais. Le beau temps était prometteur mais les jours de pluie précédents avaient fait leur travail de nettoyage, tout juste quelques Sympetrum usés par la fatigue s'envolaient ça et là, rien à se mettre sous l'objectif. Je ressors donc quelques photographies anciennes d'une libellule (une vraie car appartenant au genre Libellula !) dont la rencontre est toujours un bel instant nature : la Libellule à quatre taches (Libellula quadrimaculata). Toutes les libellules présentent une tache sur chaque aile, le ptérostigma. Celle-ci est immédiatement reconnaissable à la deuxième tache que porte chacune de ses ailes au niveau du nodus. Je me demande à quoi peut bien lui servir cette tache surnuméraire, peut-être à rien du tout ! En tous cas, certains individus présentent des taches beaucoup plus grandes que les autres (on les appelle forme praenubila), ce qui serait influencé par la température de l'eau dans laquelle la larve s'est développée. Je pense que cette jeune femelle est une forme intermédiaire. L'existence de cette forme montre que les caractères d'un organisme ne sont pas uniquement le reflet de ses gènes, chaque individu possède son histoire qui façonne aussi sa forme et son comportement. Une espèce ne se réduit donc pas à un type, mais est au contraire riche d'une variété d'individus différents de par leurs gènes, de par leur histoire et par l'interaction entre leurs gènes et leur histoire. Lorsque l'on parle de biodiversité, l'espèce ne représente qu'un niveau de l'ensemble, alors que c'est bien la diversité à l'intérieur de l'espèce qui permet à celle-ci de s'adapter aux changements... Dans la nature, les différences entre individus sont le gage d'une pérennité de l'espèce !
Libellule à quatre taches (Libellula quadrimaculata probable f. praenubila) femelle immature (Moras, ain 01, Mai 2012, EOS 50 D + 100 mm macro)
Libellule à quatre taches (Libellula quadrimaculata probable f. praenubila) femelle immature (Moras, ain 01, Mai 2012, EOS 50 D + 100 mm macro)